E mail reçu du camping :
"Amis des chemins, bonjour.
Je n'aurais jamais cru avant de venir á Grasse, que l'arrière pays était aussi sauvage, pentu et déserté par les hommes.
Le sentier, bien balisé dans l'ensemble, n'est fréquenté que par les sangliers, chevreuils, cerfs et mouflons. Les hommes ont habité jadis ce pays montagneux et l'ont depuis longtemps abandonné. Les hébergements sont éparts et répartis inégalement le long du chemin. Depuis 4 jours, nous n'avons croisé pas un seul sac á dos. Tout au plus, quelques ouvriers sur un tracteur vers Amirat et un employé que je suppose municipal qui nous a conduit vers la découverte d'un bassin romain ou supposé tel que nous sommes allés voir bien évidemment.
Le chemin est un puissant chemin, fait pour les frappés de la rando. Tous les jours c'est 1000m de dénivelé minimum : les cuisses chauffent, les chaussures souffrent sur les cailloux très nombreux et notre front ruisselle de fatigue et de chaleur. A l'arrivée, la douche est obligatoire pour enlever la sueur qui se transformerait vite en odeur désagréable.
Ce qui nous attend dans les prochains jours sera tout aussi épuisant. Il faut dire aussi qu'en passant une bonne et douce nuit, sans bruit et dans des lieux charmants, la récupération se fait vite. Et le lendemain, comme par enchantement, la fatigue a disparu.
Ce soir c'est la deuxième nuit que nous passons dans un hébergement tenu par des anglais. Comme ils cherchent le soleil qu'íls n'ont pas chez eux, ils sont venus nombreux lézarder dans ce pays "béni" de RA (le dieu soleil égyptien) mais fui par les randonneurs qui trouvent ce GR trop difficile dixit M. ROMEO du gite d'Amirat. Nous sommes dans un camping dont le gentil chat se frotte après ma douce barbe et ronronne de bonheur... pas moi, qui suis courbattu mais je laisse faire, j'aime les chats. En parlant d'animaux, nous avons été suivis cet après-midi, par 4 vaches, des bourettes, qui nous ont emboité le pas pendant quelques centaines de mètres. Miké, marchant en tête, avait l'air du berger suivi par son petit troupeau. Puis nous nous sommes séparés à la croisée d'un chemin. Les traces d'animaux sont nombreuses tout au long du trajet : blaireaux, sangliers, chevreuils ou chamois, renards. Les fleurs embaument sous la chaleur. C'est un plaisir pour les yeux et le nez. Les odeurs de thym et de lavande sauvages, celles des genêts à peine éclos, et des orchis inodores, des gentianes étoilées, d'un bleu Hoggar et tout un tas d'autres petites fleurs blanches, roses, rouges ou violettes qui doivent aussi parfumer l'air. C'est un régal des sens.
Demain, nous serons encore en pays sauvage, à Soleilhas. Comme son nom l'indique, il va sans doute encore faire chaud (29 degrès aujourd'hui). Ensuite ce sera un pays plus civilisé, celui du gourou du Mandarom à Castellane. Nous aurons une pensée pour tous ces braves gens bernés par cet individu comme d'autres l'ont été en d'autres temps par d'autres gourous.
Dans quatre jours, après le Rougon, nous remonterons les gorges du Verdon pour aller dormir au chalet de la Maline. Au sud de Castellane, le Verdon traverse une série de gorges étroites, dont le grand canyon. Toute la journée nous marcherons dans cet étroit canyon dont Etienne Martel, le fameux spéléologue a dit " ici, nous touchons à la sorcellerie" ! En fait c'est toute cette région dont la nature exubérante semble jeter un mauvais sort au piéton que nous sommes. Depuis notre départ, les paysages façonnés (encore un clavier qwerty !) par Dame nature, sont d'une beauté à couper le souffle (au sens propre et au sens figuré).
Je pense bien à ceux qui travaillent mais aussi à ceux qui ne travaillent plus mais qui sont tout aussi débordés.
A bientôt encore plus fourbus.
Les deux Bernard"
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