lundi 21 mai 2012

Deuxième impression du GR34



Amis des chemins bonjour,

Le sentier des douaniers appelé aussi chemin de ronde nous propose chaque jour différentes sensations. Parfois casse-pattes, avec des montées et des descentes en bord de falaise, parfois plus doux avec de longues traversées sur de la terre battue, parfois au bord des plages où il faut chercher le sable mouillé plus portant, souvent pluvieux comme ces derniers jours, mais ce sentier est toujours beau et fleuri. Le vent nous fouette les joues protégées par nos capes de pluie par dessus la casquette faisant office de visière. L'autre jour les gouttes de pluie nous flagellaient horizontalement et il fallait plier sous leurs assauts. Une fois vers Lanloup, notre hébergeur, ancien ingénieur agronome, nous a expliqué que pendant la dernière guerre, les prisonniers français ou étrangers avaient pour consigne lors de la construction de chemins de ronde pour les allemands, de construire des marches d'escalier déséquilibrées afin de couper la course des allemands et de les faire tomber si par malheur ils couraient. Et aujourd'hui ce sont les randonneurs qui continuent à peiner pour gravir ces marches infernales...
Nous nous gavons de galettes et de crêpes bretonnes farcies avec du jambon, des œufs, des saucisses, des andouilles de Guéméné ou d'Argouat, et buvons sans exagération, il va de soi, du cidre le plus souvent fait maison qui n'a pas le même goût que celui acheté dans le commerce et bien meilleur en tout cas que celui des espagnols que l'on a bu sur les chemins de St Jacques.
Aujourd'hui, nous sommes passés à l'abbaye de Beauport près de Paimpol où nous dormons ce soir et où j'ai pu trouver un cyber espace communal. L'émission des Racines et des Ailes avait planté ces caméras et ses projecteurs dans cette abbaye, pour une émission qui passera en fin de mois. Eh bien... nous avons fait la "une" des agents de sécurité qui, nous voyant accoutrés en marin-randonneur avec notre bardas de pluie, nous ont demandé ce que nous faisions là, où nous allions et ils nous ont même pris en photo comme de vrais vedettes.
Mais la mer nous rend sourd à toutes les sirènes. Chaque jour nous entendons inlassablement son roulement infini qui a une ressemblance avec le vent. Le vent venant aussi de la mer et la mer roulant des vagues parfois blanches d'écume et toujours changeantes.
La forme physique est toujours là. Nous avons fait depuis le départ une moyenne de 26,5 km/ jour. Nous n'usons pas nos force et en gardons sous les semelles, pour les jours suivants.
Depuis notre départ, voilà déjà 12 jours, nous avons été très agréablement surpris par le chemin breton. C'est beau, c'est sauvage malgré les habitations que l'on ne voit pas du chemin, habitations toutes basses; pas de ces tours gigantesques que l'on peut voir ailleurs sur d'autres côtes plus fréquentées. Peu de randonneurs rencontrés mais des promeneurs ou joggeurs qui malgré la pluie affrontent le chemin.
Nous ne respectons pas le proverbe breton qui dit : "Horizon pas net reste à la buvette". Horizon net ou pas, nous ne nous arrêtons pas aux buvettes. On s'adonnera à ce genre de plaisir au retour.
Nous buvons en général de la "Plancouet", une eau minérale bretonne dont on se régale et qui a l'avantage de ne pas nous embrouiller l'esprit.
Nous entrons dans le Tregor-Goëlo, aujourd'hui pays des ostréiculteurs et autrefois celui de la grande pêche à al morue sur les bancs de Terre-Neuve. A Binic petit port agréable nous avons traversé la fête de la morue et avons vu un doris, petite barque avec laquelle ces pêcheurs du lointain partaient de leur goellette pour pêcher ce poissons si recherché à l'époque. et combien se sont perdus dans le brouillard de Terre-Neuve ou d'Islande (voir Pierre Loti dans son livre Pêcheurs d'Islande) où sont tombés à l'eau. Sur les côtes bretonnes, des croix des veuves rappellent ces départ sans retour comme le mur des Disparus en mer à Ploubazlanec. Tristes vies, triste époque, tristes destins d'hommes.

A bientôt pour d'autres nouvelles.

Bernard Irafok

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