mercredi 27 juin 2012

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Amis des chemins bonjour du Pouldu,

Il faut une fin à tout.

Ce chemin breton nous aura fait découvrir en profondeur une région très belle et malheureusement (ou heureusement) délaissée par les touristes sur de fausses informations. Bien sûr que le temps breton n'est pas celui de côte d'Azur : le soleil n'y est pas brûlant comme sur les plages méditerranéennes. Les gens ne s'adonnent pas aux séances de bronzettes que l'on peut voir dans le sud : un coup pile, un coup face, parfois tranche. Il est vrai que la mentalité aussi est très différente. Le breton ressemble à l'auvergnat : pas trop prolixe, suffisamment accueillant, gentil, peu bruyant et ne se pavanant pas en montrant sur son poitrail dénudé des colliers, des bagues à tous les doigts et quelques bracelets aux poignets, haranguant les filles ou les sifflant à leur passage... Non, le breton est un vrai marin, avec ciré, bonnet, barbe et dans les yeux l'appel du large.

Les chemins de ces derniers jours sont en partie boisés et débouchent toujours sur la mer. Les sentiers, bien tracés et très bien balisés sont d'une beauté à faire rêver tous les amoureux de randonnées. Nous longeons des rivières qui s'enfoncent profondément dans la terre et dont les eaux se mélangent à la mer assez loin. Les voiliers sont nombreux, les ostréiculteurs et autres éleveurs de coquillages nombreux aussi. La pecten maximus (coquille St jacques) est très souvent au menu, les huîtres creuses ou plates aussi, ainsi que les coques, praires, tellines, langoustines, crabes et araignées et tous les poissons se l'océan. Hier nous avons mangé des rougets à faire pâlir tous les Marius du port de Marseille. Ils étaient frais, sortis de l'océan, et très bien préparés avec une crème légèrement citronnée. Un régal pour nos papilles pas si souvent flattées.

Les crêpes (krampouezh) de froment et les galettes de blé noir (sarrasin) sont délicieuses : il y en a de toutes sortes. Nous mangeons en général des complètes, faites avec du jambon ou andoulles de guéméné, œufs et fromage; cela suffit pour calmer notre appétit. Quant à donner la recette idéale pour la pâte, c'est délicat. Les puristes de la pâte à crêpe se refusent à ajouter un oeuf et délaient simplement la farine de blé noir avec de l'eau et un peu de gros sel marin. Certains mélangent la farine de froment et de blé noir, d'autres ajoutent du lait. Et puis, il y a la façon de travailler la pâte; toujours avec énergie, la remuer entre chaque galette et avoir le coup de main pour l'étaler avec le rouable (rozell en breton) sur la tuile (pillig). La cuisson ! c'est une autre affaire. Certains aiment les galettes molles qui ne s'écrasent pas sous la fourchette, d'autres, au contraire les préfèrent grillées pour le craquant sous la dent... Gare à ceux qui veulent taquiner la crêpière ; ils risquent de recevoir un coup de rozell, car une séance de galettes est toujours chose sérieuse !

Je n'ai pas le temps de vous parler des "KER" et des "TY", de ces belles chaumières que l'on a vues ces jours-ci, des fleurs qui embaument les sentiers et fleurissent la plupart des maisons, des chiens qui viennent nous saluer au passage sans aucun air féroce, des gens croisés qui disent tous bonjour gracieusement, de l'accueil des hébergeurs, de leur gentillesse, des autres bretons, toujours prêts à nous renseigner ou à s'arrêter quand on leur fait signe pour demander le chemin, du balisage parfait et refait à neuf etc...

Bref, ce fut une très belle randonnée.

A bientôt et Kénavo

Bernard Irafok

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