jeudi 14 juin 2012

Dites 34 impressions 4

Amis des chemins bonjour de Camaret, bien connue pour sa chanson sur ses filles...

Après quelques étapes épiques, dignes de Fitzcaraldo, nous voici arrivés à Camaret.

Bien sûr, la météo est comme partout en France, c'est à dire exécrable, à ne pas mettre un randonneur dehors.

L'autre jour en passant dans les abers, entre l'aber Wrac'h et l'aber Benoit, nous avons connu notre première journée bretonne de force 9 !

L'Aber Ildut est le dernier des trois grands abers que l'on traverse. Il est tout aussi beau ques les deux autres. Celui que j'ai préféré c'est celui de Benoit (Béniguet = béni) dont le parcours fut très mouillé et très venté (vent force 8 à 9). Le sentier longe la mer avec des vues superbes quand on peut jeter un oeil de côté. Il passe parfois en sous-bois, devient très facile, moelleux aux pieds, spongieux souvent (à cause de l'eau tombée du ciel), sous des grands pins élégants, très haut perchés. J'ai compris hier l'utilité et l'efficacité des haies qui bordent les chemins. Quand il nous arrivait d'être à découvert, nous prenions en plein visage des raffales de vent, comme si l'océan entier voulait nous battre. Par temps ensoleillé, cela doit être encore plus beau !

La mer est toujours tout à côté. La mer ou l'aber, l'aber ou la mer, tout est mélangé. Dans l'aber Benoit il y a de nombreux élevages d'huîtres. C'est entre ces deux eaux (la salée et la douce) que naissent les petites huîtres qui iront grandir plus loin, dans l'eau salée.

 Mais je voulais vous parler de météo. Les Bretons et la météo, c'est indéchiffrable... J'ai l'impression que les Bretons en font un "complexe" . Ils s'excusent toujours de cette pluie qui tombe, comme s'ils étaient fautifs, responsables de la pluie, des grains, du soleil et du vent.

 Un grain par-ci, vite passé, un grain par-là et l'on est déjà sec ou . Comme dit Kersauson "La pluie ne tombe que les cons". Hier, on en faisait partie, de ces gens qui reçoivent la pluie. Quand on est arrivé, après 36 km sous le vent et la pluie mêlés, nous avions l'impression d'avoir reçu sur nous, toute une radée, une bolée d'océan avec mousse, écume, et gifles. Il fallait accrocher les casquettes sous la capuche de la cape et tenir celle-ci fortement pour éviter l'arrachement. Et bien, aujourd'hui, plus rien de cette furie du temps. Le ciel est lavé, le soleil revenu, et les Bernards sont secs comme des "babés" (les babés en patois ligérien sont des pommes de pin). Contents !

Donc la météo, très changeante, nous surprend toujours. Quand on voit sur l'océan, des gros nuages noirs, chargés de pluie, venir sur nous à toute allure, poussés par un vent fort, nous sortons cape, shaps et pieoseks que nous enfilons précipitamment. Et les gros nuages nous évitent la plupart du temps et vont s'épancher sur d'autres. Et puis sans y prêter attention, par un beau et franc soleil, arrive un gros grain, inattendu, sans tambour no trompette. Il nous surprend alors que sèche la lessive du jour. Imaginez le branle-bas de combat dans la chambrée. Tous aux pinces à linge, le plus rapidement possible. Sitôt arrivés, la pluie a cessé et nous voilà râlant et pestant contre le ciel de nous avoir encore trompé une nouvelle fois.

Seuls les Bretons comprennent la météo de Bretagne et encore. Les Bretons se fichent pas mal du temps. Ils ont raison. Tête mouillée ou pas c'est pareil pour eux. Quant aux vêtements, ils sècheront avec le soleil revenu dans 5 min.

Par contre les bretons restent chez eux. Ils regardent la mer et tout ce qui navigue ou se promène sur l'eau derrière leur véranda, avec de grosses jumelles ou des lunettes posées sur un trépied. Ils observent, sans cesse tout ce qui peut s'observer : les oiseaux, les marins sur leur petits bateaux, les flots bleus,verts ou noirs, les navires gros ou petits qui passent au large, les cailloux de la grêve, les algues rejetées par la mer, les nuages qui passent...Oui, les bretons sont de grands observateurs.

Et nous, nous ne savons jamais s'il va faire beau ou s'il va pleuvoir !

Il paraît que le mauvais temps arrive.

 Eh bien... qu'il vienne, nous le prendrons comme il est. Ce sera pas de notre faute, de notre très grande faute...

A bientôt

Kénavo

Bernard Irafok

P.S : je dois rendre à Baudelaire ce qui n'appartient pas à Hugo. Dans un envoi précédent, j'ai confondu les deux. Celui qui a dit : "Homme libre (comme le marin) toujours tu chériras la mer, ce n'est pas notre grand Totor, mais bien le grand Charles (pas celui avec des étoiles sur le képi) mais le poète... comprend qui peut.

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