vendredi 14 juin 2013

GR03 2013 jour 33 message de Bernard Irafok

Amis des chemins, bonjour.

La Loire, cette capricieuse, cette imprévue, nous a laissé passer sur le GR qui la longe. Depuis quelques jours elle se découvre, laissant apparaître ses bancs de sable blond ou ocre selon les heures de la journée. Les sternes aussi se réjouissent. Alignées comme de vulgaires sardines, sur de maigres refuges sableux, elles attendaient comme nous la décrue. Un impératif majeur les préoccupent cependant : la ponte. Tous ces dérangements climatiques ont un impact certain sur les randonneurs, les cyclistes mais aussi ce qui est plus importants sur la faune environnante.
Chaque jour, nous découvrons des univers différents sur les gens de la Loire. Aujourd'hui, nous sommes passés à côté d'un jeu de boules de fort. Ce jeu consiste à lancer une boule particulière en bois de cormier sur une piste incurvée en résine ou terre battue. Le but du jeu consiste à se rapprocher du cochonnet (appelé maître). Ces boules sont aplaties sur deux extrémités et lestées sur une des extrémités : le côté fort. Ce jeu demande une extrême dextérité. Hier, nous avons découvert aussi une spécialité de la région de Turquant : les pommes tapées. Ce ont des pommes d'origine normande, chauffées plusieurs fois et tapées sur les côtés sans les faire éclater. Elles étaient destinées aux marins de Loire pour être mangées lors de leur périlleux voyage. Ramollies à l'eau, au vin ou à l'alcool, elles pouvaient être conservées jusqu'à une vingtaine d'années. Incroyable ! Non !
J'ai été agréablement surpris de voir encore sur le fleuve, des bateaux anciens, restaurés ou construits qui naviguent encore pour le plaisir touristique. Certains pêcheurs vivent de leur travail (anguilles, brochets, saumon, alose et même ces poissons chats effrayants qui peuvent atteindre deux mètres et plus : les silures.
Les pêcheurs que Maurice Genevoix a décrits comme étant des "tatoués, patibulaires, ayant des anneaux d'or pendant à leurs oreilles velues et... soiffards, jamais désaltérés, fanfarons, chanteurs et conteurs bien-disant. Et d'une gaîté !" Nous n'avons pas rencontré de telles personnages sur les bateaux mais des pêcheurs bien sages, affairés, rangeant leurs nasses et réparant leurs lignes. Il paraît que les pêcheurs n'étaient pas aimés des paysans et vice-versa. Les sédentaires méprisaient ces navigateurs. Les hommes de la terre étaient appelés par les hommes de l'eau "les cul-terreux", eux-mêmes désignés sous le sobriquet de "chie dans l'eau". Que diable !
Tout au long du chemin, en bord de Loire, les hommes de puis longtemps ont creusé la pierre (le tuffeau) pour construire leurs maisons et plus tard les châteaux. De ses excavations, ils ont crée des champignonnières ou des caves pour entreposer le vin.
Les  églises romanes sont différentes des auvergnates mais non moins belles. De nombreux saints sont venus dans la région, y sont morts comme St Martin ou ont laissé les traces (St Romain). A Fontevreau, l'abbaye a connu au XIIème siècle une affluence extraordinaire : 5 000 moines ont habité dans l'abbaye et alentour. Eau, bois, pierre, les trois indispensables matériaux de la construction d'une abbaye étaient présents sur place. Les hommes d'antan savaient construire et innover tout aussi bien qu'aujourd'hui...

Sur la poussière des chemins ou dans la boue des forêts, le marcheur n'use pas seulement ses semelles. Vivement les grandes vacances !

A bientôt pour d'autres nouvelles

Bernard Irafok

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